
Chaque année, la stabilité et la puissance des monnaies africaines sont scrutées de près par les experts économiques. En 2025, le dinar tunisien s’impose comme la monnaie la plus forte du continent, surpassant ses voisins libyen et marocain. Malgré les pressions externes, la monnaie tunisienne fait montre d’une résilience notable.
Dans un contexte économique mondial en perpétuelle évolution, la solidité d’une monnaie est un indicateur clé de la santé financière d’un pays. En mars 2025, « Business Insider Africa » a publié son classement des devises les plus puissantes d’Afrique, basé sur la parité avec le dollar américain. La Tunisie, malgré les défis économiques qu’elle a traversés, prend la tête du classement, suivie de la Libye et du Maroc. Le dinar tunisien est reconnu en tant que monnaie la plus forte d’Afrique et a réussi à conserver sa place de leader.
Une économie stable
Plusieurs facteurs expliquent cette performance : une économie relativement stable. En effet, la Tunisie maintient une stabilité monétaire plus forte que d’autres pays africains. Cette politique est contrôlée par la BCT qui veille à limiter l’inflation et la dévaluation rapide du dinar. Par ailleurs, les réserves en devises étrangères demeurent solides malgré des tensions budgétaires. La Tunisie est parvenue à sécuriser un certain niveau de réserves en dollars et en euros.
D’un autre côté, des secteurs exportateurs, dont le tourisme, les industries manufacturières et les exportations agroalimentaires, ont contribué à la solidité de la devise nationale. Mieux encore, le dinar tunisien a fait preuve de résilience face aux principales devises étrangères au mois de février 2025, en s’appréciant de 0,6 %, face au dollar américain et de 0,1 %, face à l’euro, en moyenne mensuelle.
Selon la dernière note de conjoncture de la Banque centrale de Tunisie (BCT) sur les « évolutions économiques et monétaires et perspectives de l’inflation- Avril 2025 », le taux de change du dinar s’est apprécié de 1,9 %, en glissement annuel, en moyenne, face à l’Euro, contre une dépréciation de 1,4 % un an auparavant, et ce, sur l’ensemble des deux premiers mois 2025.
Sur l’ensemble des deux premiers mois 2025, « le dinar tunisien s’est apprécié de 2,5 %, en glissement annuel, en moyenne, et ce, contre une appréciation de 3,6 % une année auparavant, favorisant ainsi l’atténuation des pressions, en provenance du taux de change, sur la formation des prix et la poursuite de la détente graduelle de l’inflation». Rappelons qu’au cours des dernières années, la vulnérabilité du dinar face aux chocs monétaires internationaux s’est accentuée et a impacté directement la compétitivité de la monnaie nationale. Le dinar a dégringolé par rapport aux devises étrangères et notamment à l’euro. Cette dépréciation a débuté depuis la révolution de 2010 et n’a pas connu de répit.
La Banque centrale de Tunisie précise que « le dinar tunisien a fait preuve d’une bonne résilience tout au long de ces dernières années, en affichant une évolution ordonnée, et ce, grâce à plusieurs facteurs, notamment la conduite d’une politique monétaire rigoureuse qui a garanti des taux d’intérêt à des niveaux appropriés ayant permis d’assurer une cohérence entre la dynamique de la sphère monétaire et la sphère réelle ».
Quelles conséquences ?
Cette dépréciation a des conséquences significatives au niveau des équilibres macro-économiques de la Tunisie et des finances publiques et privées, sachant que la monnaie nationale, comme dans tous les pays, ne fait que refléter la situation économique et financière.
Elle a certainement un impact sur l’économie nationale, en gonflant la valeur (en dinars) de la dette publique et du service de la dette. Cela crée une pression supplémentaire sur le budget de l’Etat et aggrave, par conséquent, le déficit budgétaire, qui est de nature à alimenter l’inflation. La dépréciation du dinar entraîne l’inflation importée du fait que les prix, exprimés en dinars, de tous les produits et services importés, augmentent.
Les experts économiques révèlent ainsi que toute dépréciation monétaire présente des inconvénients notables : des importations plus chères, une hausse de l’inflation et une baisse du pouvoir d’achat des consommateurs.
Par contre, et malgré ces inconvénients, « cette dépréciation peut avoir l’avantage principal de rendre les exportations du pays plus compétitives, puisqu’elles deviennent moins chères à l’achat. Cela peut augmenter la demande extérieure et réduire le déficit commercial et, par conséquent, accroître les investissements tant nationaux qu’extérieurs ».